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Chagnon, ouvre-toi!

Chagnon, ouvre-toi! est un projet qui vise à extérioriser les commerces résolument intérieurs. Comment recréer les qualités piétonnes du centre commercial à l'extérieur, dans l'espace public? C'est en utilisant le paysage d'interfaces qu'il a été possible de le faire tout en y assiciant de nouvelles fonctions. Le paysage d’interfaces occupe ici un rôle de conciliation afin où il permet la cohabitation entre les tissus résidentiels, les locaux commerciaux et les espaces verts. Ce paysage d’interfaces soutient de nouveaux espaces publics et appelle au dialogue entre les diverses fonctions du lieu. 

 

" Dans leur recherche pour réguler la température, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, les habitants des banlieues, résolus à transformer leur maison, finirent par aménager leur propre microclimat. 

[…] 

Plus les espaces intérieurs des maisons de banlieue se mirent à ressembler à un paysage extérieur, et les aménagements extérieurs à ceux de l’intérieur, plus les modifications apportées à la nature se firent radicales. "

 

SCHRANK, Sarah. (2012) En imparfaite santé ­: bains de soleil en banlieue : santé, mode de vie et environnement bâti. Montréal : Centre canadien d’architecture. p.365.

 

À quelle mesure est-il possible de remédier à ce paradoxe en recréant les qualités piétonnes du centre commercial à l’extérieur, dans l’espace public ?

 

Le paysage d’interfaces prendra plusieurs formes. Ce paysage à forte tendance piétonne s’accompagnera parfois d’un ruisseau filtrant, parfois de bandes végétalisées productives ou naturelles.

 

En termes d’occupation des sols, le projet prévoit une réduction de moitié de la surface asphaltée. En partie puisqu’on double pratiquement les surfaces bâties et les surfaces végétalisées. 

 

Le projet s’articule autour du paysage d’interfaces qui prend la forme d’un corridor vert. C’est au travers de celui-ci que les Galeries Chagnon s’ouvrent vers l’extérieur. Nous saisissons ainsi l'opportunité d'offrir une nouvelle vie au centre commercial tel que nous le connaissons. Le paysage d’interfaces répond aussi à la volonté d’insérer des espaces de sociabilité.

 

Tout en générant de nouvelles activités, cette armature de projet se ramifie de manière à résoudre des problèmes d'interface. Ainsi, la cohabitation entre les diverses fonctions s'harmonise. Une insertion d'espace de remédiation se dessine. Parfois naturel et sauvage, parfois entretenu et aménagé, ce paysage abrite et génère de nouvelles activités.

 

La pente naturelle du site s’orientant du nord-est au sud-ouest, nous profitons de la topographie du site pour intégrer un aménagement plus naturel calqué sur l’environnement du site. Répondant à nos objectifs d’écologie, nous prévoyons un ruisseau permettant la récupération des eaux de pluie jusqu’à un bassin de rétention. Ce ruisseau parfois inondé, parfois asséché confère une nouvelle résilience face aux variations de précipitation. De même, ce ruisseau participe à l’aménagement d’espaces publics extérieurs plus confortables et adaptés au climat de Lévis. 

D'abord, nous considérons que l'actuel Lévisien sera remplacé par un système de bus à haut niveau de service. Aussi, un second circuit d'autobus de plus petit gabarit bouclera le secteur pour améliorer le lien nord-sud. Le pôle intermodal a été positionné de manière stratégique à l'intersection du Boulevard Alphonse-Desjardins et de la Route 132, tout près de la cité Desjardins, un pôle d’emploi important, et du secteur commercial des Galeries Chagnon. À 3 minutes de l’intersection entre la Route 132 et du Boulevard Alphonse-Desjardins, nous prévoyons une gare régionale pouvant accueillir les autobus interrégionaux (Orléans Express par exemple). 

On prévoit une requalification du Boulevard de la Rive-Sud afin de réserver au BHNS une voie propre.

 

En observant la trame de rues actuelle, on remarque que celui-ci est bien connecté en terme de desserte automobile. Le boulevard Alphonse-Desjardins, la route 132, la route du président Kennedy et l’autoroute 20 agissent comme de grandes artères à échelle locale et régionale qui facilitent jusqu’à un certain point l’accès au site. Néanmoins, le coeur du secteur commercial reste peu desservi par des ramifications secondaires. 

 

Un plus grand nombre de connexions conférera une meilleure perméabilité au secteur et permettra une meilleure accessibilité au cœur de l’ilot. De nouvelles connexions offrent davantage de choix de parcours. Ces nouvelles rues sont pensées de façon à rééquilibrer l’espace occupé par la voiture face à celui occupé par les piétons. On imagine des rues aux usages moins ségréguées, qui incitent au partage.

 

Une mise en réseau des différents parcours permet d’allier plusieurs modes de transport ; autobus, auto, vélo, piéton. Le réseau cyclable déployé sera 5 fois plus long que le réseau actuel. La connexion adéquate de ce réseau avec le pôle intermodal facilite la pratique d’un réseau de déplacements actifs.

La conservation des corridors visuels vers les Galeries Chagnon allie la construction sur les actuels stationnements et maintient de la visibilité depuis la route 132 et le Boulevard Alphonse-Desjardins. Ce lien visuel est essentiel pour la survie des commerces et aux logiques d’affichage publicitaire propres au centre commercial. Nous croyons que ces percées visuelles contribuent grandement au réalisme de l’intervention dans son ensemble puisqu’il assure une pérennité à court et moyen terme des établissements commerciaux en place.  

Ces corridors visuels permettent aussi des liens connecteurs avec les secteurs environnants. Certaines vues cadrées par le bâti dirigent le regard vers des points d’attention tel que le golf et la tour Desjardins.

Fonctions et programme

Dans l’idée de s’arrimer à l’existant, nous conservons une partie considérable des équipements commerciaux existants à l’exception du Sears et des locaux administratifs de Desjardins se situant à l’arrière du centre commercial. Les Galeries Chagnon demeurent, mais se dévoilent. 

 

Une intensité commerciale s’établit au coin du pôle intermodal profitant des flux entre le pôle commercial des Galeries Chagnon et le pôle d’emploi de Desjardins. Il s’agit d’un nouvel emplacement de choix pour des commerces de proximité tels que des dépanneurs, cafés et pharmacie. 

 

En terme de surface dédiée à un usage commercial, les statistiques demeurent sensiblement les mêmes. Néanmoins, l’offre est mieux répartie sur le secteur. Par ailleurs, cette nouvelle disposition contribue à une mixité des fonctions en alliant des usages commerciaux à des bâtiments à vocation résidentiel ou bureautique.

 

L’occasion se présente d’ajouter des unités d’habitation dans un paysage, au préalable, exclusivement commercial. Nous prévoyons un total de 1120 unités d’habitations sur ce secteur. De ce fait, l’offre de logement est quintuplée. 

 

Des typologies de types plex et walk-up sont suggérées pour leur flexibilité d’occupation. Notamment, l’implantation de walk-up, tel que proposé, pourrait faciliter l’établissement de nouvelles résidences pour ainée, très courues dans le secteur. 

 

Ultérieurement, le bâti résidentiel au nord de la Route 132  pourrait être remplacé par des formules plex. Présentement bordée de résidences unifamiliales lui faisant parfois dos, cette proposition souhaite corriger un problème de lotissement apparu lors du développement de quartiers résidentiels au Nord. 

 

À proximité des actuelles résidences pour ainés au coin de la Route 132 et du Boulevard Alphonse-Desjardins, nous prévoyons des habitations de plus fort gabarit afin de densifier les secteurs résidentiels à proximité du pôle intermodal.

 

Quelques espaces à bureaux sont prévus en proximité des espaces publics afin de favoriser une animation le jour. De cette manière, les milieux de travail sont dispersés sur l’ensemble du secteur et ne sont plus concentrés qu’à certains points.

 

Certaines institutions culturelles et éducatives sont prévues : une salle de spectacle, une bibliothèque et un nouveau pavillon de l’UQAR. Ces établissements ont pour principal intérêt de contribuer au dynamisme des espaces publics en raison de la clientèle qu’ils convoitent.

Bien que nous réduisons les surfaces asphaltées de plus de moitié, nous conservons des stationnements de surface en poche à des emplacements stratégiques. Afin d’optimiser l’utilisation des surfaces de stationnements, ceux-ci pourraient être occupés le jour par les commerces et le soir par les résidents du secteur. Par ailleurs, ce sont principalement ces stationnements qui permettent de conserver les percées visuelles vers les Galeries Chagnon tel qu’expliqué plus haut. De plus, ces stationnements permettent des «vides» qui pourraient être développés au besoin à moyen et long terme. Enfin, un stationnement étagé adossé au Target et des stationnements sur rues viennent compléter l’offre de stationnements de façon plus subtile dans le paysage.

Zone d'intervention 1: Le pôle intermodal

La proximité du pôle intermodal avec la cité Desjardins et les pavillons de l'UQAR font du secteur un endroit de choix pour implanter des commerces. Le corridor vert prend ici la forme d'un ruisseau autour duquel plusieurs commerces et terrasses s’organisent. La place se compose de manière à préserver des repères visuels entre les arrêts de transport en commun et les entrées des Galeries Chagnon.

 

L’implantation de la station intermodale nous amène à redessiner le Boulevard de la Rive-Sud pour accueillir le nouveau BHNS. Le boulevard de la Rive-Sud est réaménagé de manière à le rendre plus appropriable pour le piéton. Les accès au BHNS sont clairement définis. Une large voie cyclable est aménagée. Au centre, la salle de spectacle se déploie de manière à faire face au boulevard et à la place publique au coeur de l’îlot, en face des Galeries Chagnon. 

Le lien visuel entre le campus Desjardins est immanquable. Le bâti se resserre pour encadrer un espace piéton confortable, animé et à l’abri du vent. Au coin, la gare intermodale permet d’accueillir une aire d’attente, une billetterie, un café, espaces de rangement pour vélos, etc. Au rez-de-chaussée des bâtiments, des locaux commerciaux permettent un parcours de magasinage depuis les arrêts de transports en commun jusqu’aux Galeries Chagnon. Contribuant à la résilience du nouvel aménagement, la matérialité au sol se veut plus perméable.

Zone d'intervention 2 : Le grand salon

De manière inattendue, le dos des Galeries s’ouvre vers une grande place publique. Actuellement asphalté et sous-exploité, elle est pourtant orientée plein Sud. La percée faite dans les Galeries Chagnon permet une ouverture vers le pôle intermodal depuis cette place. Cette place aménagée et structurée par le ruisseau filtrant. Elle devient le nouveau parvis des Galeries Chagnon.

 

Nos visites aux Galeries Chagnon se sont toujours terminées dans l’atrium autour d’un café ; c’est l’espace de rencontre par excellence ! Par contre, vue de l’extérieur, rien n’est moins invitant : des surfaces asphaltées, des murs aveugles et bennes à ordure. Est-il possible de marier ses deux environnements et de réduire leur isolement réciproque?

 

Le retrait du bloc occupé par Desjardins permet d’ouvrir l’atrium vers la place publique et de dégager une façade commerciale. Cet aménagement renforce le lien piéton entre le grand salon et l’intérieur des Galeries Chagnon. Tout en conservant l'expérience intérieure, appréciée pour le confort qu'on lui associe, les Galeries Chagnon optent pour une solution intermédiaire. Il s’agit d'offrir la chance d'extérioriser ses activités intérieures.

Le centre du  grand salon est dégagé pour permettre des occupations événementielles. Une grande toiture est prévue pour abriter des braderies, kiosques commerciaux et marché aux puces, toujours en lien avec les Galeries Chagnon. L’eau pluviale qui s’accumule sur les toits plats du centre d’achat alimente le ruisseau. Celui-ci passe devant la bibliothèque afin d’animer son entrée avant de se déverser dans le bassin de rétention. À proximité, des résidences de type plex s’implantent de manière à contribuer au dynamisme du quartier et à la vitalité de la place.

 

À partir de l’ouverture créée dans les Galeries Chagnon, une vue s’ouvre vers le grand salon. Ce corridor extérieur offre des vitrines commerciales dont la visibilité est accrue. Une promenade le long du ruisseau nous fait traverser le grand salon et nous invite à passer à la bibliothèque. 

Zone 3 d'intervention : Les serres

Ce qui était autrefois une voie de livraison devient un axe structurant alliant des fonctions commerciales et résidentielles. Pour se faire, une bande végétalisée productive s’installe entre les commerces et les habitations.

 

Afin de réduire les distances parcourues par nos aliments, nous incitons les commerces d’alimentation à se munir de serres agricoles. La bande productive agit comme un tampon permettant de faire cohabiter les diverses fonctions. 

Les marges de recul généreuses assurent une densité confortable sur cette rue. Bien que cette portion de rue soit résidentielle, des commerces de proximité sont prévus au rez-de-chaussée. 

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