top of page

Bibliographie

 

APPLEYARD, D., LYNCH, K. et MYER, J. R. (1964) The view from the road. Cambridge, Ma.: MIT Press.

 

CLÉMENT, G. (2003) Manifeste du tiers paysage. Québec : Éditions Sujet/Objet

 

LYNCH, K. (1960) L’image de la cité. Cambridge, Ma : MIT Press.

 

MANGIN, D (2004) La ville franchisée : Formes et structures de la ville.  Paris : La Villette.

 

PANERAI, P. (1999) « Paysages urbains ». In Analyse urbaine (27-49). Marseille : Éditions Parenthèses.

 

PEEMANS,J. P. et RIJCK, K. (2004) Mobilité et paysage. Belgique : Presses Universitaires de Louvain.

 

RIVARD, E (2008) Approfondir l'analyse objective du territoire par une lecture subjective du paysage.  Mémoire de maîtrise, École d’architecture, Université Laval.

 

RIVARD, R. (2012) Mieux intervenir dans les territoires de la grande région de Québec. Annexe U.

 

VENTURI, R. et al. (1977) L’enseignement de Las Vegas ou le symbolisme oublié de la forme architecturale. Bruxelles : Pierre Mardaga.

PAYSAGES, MOUVEMENTS ET SÉQUENCES

V. B.-Fugère, J. Landry, K. Ross, G. Turcotte

Le paysage ordinaire

 

À l'écart des paysages remarquables, spectaculaires ou pittoresques qui misent sur une expérience paysagère exceptionnelle, on reconnaitra des paysages plus banals. Ceux-ci se vivent au quotidien et participent à la mémoire collective, à l’identité du territoire. Ces paysages ordinaires jouent un rôle essentiel dans la façon dont le territoire est vécu et perçu par les habitants.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les points de repère ; le gros grain

 

Un point de repère renferme un aspect unique, mémorable. « Pour être clairement identifiable, un point de repère doit ressortir de son environnement : par sa forme, son style, ses dimensions, ses matériaux, ses fonctions uniques […] » (Lynch : 1960) La tour Desjardins, le golf, les galeries Chagnon et l’autoroute 20 agissent en point de repère au sein du secteur. Ils sont parfois très visuels, comme la tour Desjardins, parfois dissimulés, mais souvent fréquentés ou « vécus » comme les galeries Chagnon. Les points de repère agissent directement sur la lisibilité, soit la compréhension des lieux et la facilité à s’y orienter.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En s’attardant à la « perceptiongenèse », soit l’évolution dans le temps du regard porté sur le quartier, on comprend que l’histoire du secteur renferme des points de repère disparus qui marquent encore la mémoire collective. À l’intersection de la route Kennedy et du boulevard de la Rive-Sud, aujourd’hui simple croisement de routes, c’est jadis inscrit l’ancien rond-point Kennedy et son motel. Ces références sont dominantes dans la mémoire des gens et elles révèlent le caractère identitaire du secteur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le cas du rond-point nous paraît très intéressant à plusieurs égards. À l’époque, point de repère visuel important de par son empreinte paysagère considérable, il semblait particulièrement fréquenté et aimé des Lévisiens. Pourquoi? On peut certainement dire qu’il profitait de son statut de noeud important pour marquer un événement fort dans le paysage. Il semblait profiter d’un dynamisme et d’une effervescence grâce à son aménagement particulier : allées, vaste espace gazonné et obélisque rappelant la mémoire de guerre. Tout en étant une ode à la voiture, à la vitesse et à la consommation, le lieu avait réussi à intégrer une multitude d’usages et de formes qui ont renforcé sa valeur symbolique dans la mémoire de ses usagers.

 

 

Unités de paysage ; fragmentation

 

Une unité de paysage se définit par une portion de l’espace qui présente un agencement d’éléments récurrents sur le plan de la topographie, de l’utilisation du sol, du cadre bâti ou des limites visuelles. Dans le secteur étudié, les découpages fonctionnels sont très nets et sentis. De la sorte, la ségrégation des usages du secteur concorde presque systématiquement avec le découpage des unités paysagères. Les limites visuelles franches ont permis de tracer le contour de ces unités parfois très contrastées. Le paysage se caractérise en sept unités distinctes ; soit le paysage fluvial, résidentiel, commercial, de campus, naturel, naturel récréatif et autoroutier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commercial ; paysage de strip

 

C’est la plus grande des unités, elle englobe la route du Président-Kennedy, une partie du boulevard de la Rive-Sud, les Galeries Chagnon et le quartier Misceo. Pourquoi une si grande surface de ce même paysage? Puisque la logique d’implantation est souvent la même ; un bâtiment en fond de parcelle puis un grand stationnement donnant sur la rue.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Paysage d’asphalte ; une logique démesurée

 

En cohérence avec le discours fonctionnaliste des années 60, qui dicte la forme selon l’expression de l’usage, la lecture du paysage du secteur étudié révèle que la majorité des décisions concernant l’aménagement du territoire ont d’abord été prises pour la voiture. Conditionné par un déplacement aux vitesses relativement élevées et spatialement exigeant, le paysage se révèle généralement étalé et diffus. La quantité d’espace occupé par la voiture, lorsque comparée à celle du piéton, paraît démesurée. Les logiques géométriques et standardisées, inhérentes à ce mode de déplacement, produisent souvent un paysage plat, dilaté, asphalté et linéaire. Le piéton se voit contraint d’occuper les minces bandes de trottoirs qui côtoient les larges boulevards. Dans ce contexte, le piéton y côtoie des voitures qui défilent à une vitesse dix fois plus élevée que la sienne.

 

 

Paysages verts ; la face cachée

 

Une lecture plus fine des entités paysagères révèle les multifacettes des paysages, souvent brouillées ou cachées en apparence. Au-delà du paysage commercial de la route Kennedy, peut-on percevoir d’autres types de paysages? Un paysage vert pourrait-il se révéler?

 

 

Paysage d’affiches ; perception et vitesse

 

D’une certaine manière, la confrontation d‘échelles d’occupation et de vitesse influencera la perception du temps lors d’un passage. Par rapport à un déplacement piéton, un déplacement en voiture permet un défilement rapide des stimuli qui composent le paysage. Par exemple, dans le cas de la route du Président-Kennedy, la surabondance d’affichage sur rue révèle un paysage chargé, voire sans nuances pour l’automobiliste. La répétition et la taille des affiches créent une surcharge d’information qui brouille la lecture du paysage et participe à sa banalisation, laissant ainsi un souvenir confus et un sentiment de chaos qui détourne l’attention des repères d’intérêt local.  En contrepartie, la distance de quelques dizaines de mètres entre les énormes enseignes conçues pour les observateurs éloignés procurera au piéton un parcours passablement interminable et peu stimulant pour le regard. Entre autres pour ces raisons, il est peu agréable, voire difficile de se déplacer à pied dans cette portion de paysage.

 

Dans l’optique de rendre les parcours plus conviviaux aux piétons, le secteur devra drastiquement intégrer une échelle plus humaine à ces aménagements. Dans son état actuel, le piéton peut parfois avoir l’impression que le quartier a plutôt été conçu pour des géants que pour lui.

 

 

Paysages intérieurs ; échelle humaine

 

Dans cette même unité paysagère, un parfait exemple d’aménagement piéton pourrait rapidement nous glisser sous le nez. L’intérieur des galeries Chagnon se présente comme un aménagement plus attrayant pour le piéton. Contrairement au front bâti éloigné et éclaté de la route du Président-Kennedy, on y retrouve un parcours plus resserré où la succession continue et rythmée de façades commerciales anime le passage. Contrastant avec la marre de stationnement extérieur, les lieux plus agréables, où il y a présence de végétation et de points d’eau, se retrouvent uniquement à l’intérieur du bâtiment.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La ségrégation des parcours qu’illustre la comparaison du paysage de la rue Kennedy et l’intérieur des Galeries Chagnon nous incite à nous poser d’intéressantes questions quant à notre capacité à marier ou à intégrer diverses vitesses et échelles dans nos aménagements urbains.

 

 

Les limites ; paysages confus

 

La rencontre entre ces paysages contrastés trace dans presque tous les cas de grandes cicatrices à l’échelle du quartier. Un paysage du dos-à-dos domine. Les quartiers sont tournés vers leur centre et font dos à la zone commerciale qui agit comme une clôture aux usages adjacents. De larges boulevards découpent le paysage ; parcours pour les voitures, ils deviennent frontières pour les piétons.

 

 

Dos à dos, face à face ; donnez-vous la main et changez de place

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans l’optique de raffiner les critères de découpage des unités paysagères, les limites s’éclatent, se diffusent. Sachant que c’est d’abord la variété des usages qui génèrera toute autre variété d’utilisateurs, d’ambiances et d’activités, une brassée de paysage s’impose. Les paysages et les usages se croisent, se mélangent et cohabitent. Pour des villes à échelles humaines, il vaut mieux rassembler, connecter au lieu de disperser.

 

 

Intentions de projet ; lier, fusionner et varier

 

Selon Bentley, un lieu ayant des qualités urbaines est perméable, varié, lisible, personnalisé. Il a un caractère visuel juste. Le paysage interstitiel mise sur la perméabilité, en liant les unités paysagères entre elles, la variété en faisant appel à l’idée de diversité d’activités, de fonctions et d’ambiances. La lisibilité facilite la découverte et l’orientation par une lecture plus fine des limites franches. Plutôt qu’une barrière, la limite entre deux unités de paysage devient une couture, une ligne d’échange le long de laquelle deux zones sont cousues ensemble à l’image d’un maillage connecteur et structurant.

 

Nous porterons notre regard sur trois limites qui découpent le paysage de manière franche. Dans une optique pouvant réduire cette fragmentation des lieux, quelques pistes de solutions pouvant lier, varier ou fusionner les différents paysages du secteur sont proposées.  

 

 

Limite Résidentiel - Campus

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Malgré la proximité, les liens sont parfois rompus. Ici, le boulevard Alphonse-Desjardins devient une réelle barrière. Difficile et dangereuse pour le piéton, la limite empêche le libre passage entre le quartier résidentiel à l’ouest et les infrastructures sportives à l’est.

 

En aménageant des passages sécurisés pour le piéton s’inspirant des réseaux de circulation internes des deux quartiers, il est facile d’entrevoir un dialogue entre ces unités adjacentes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Limite Résidentiel - commercial

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bien que le secteur résidentiel et les galeries Chagnon soient face à face de part et d’autre du boulevard de la Rive-Sud, les deux unités paysagères semblent s’ignorer tellement la distance les séparant est grande. Non seulement le stationnement aplanit le paysage, mais la topographie du site accentue largement cet effet. Une légère pente camoufle les galeries Chagnon au loin.

 

Une diversité d’ambiances et d’activités pourrait offrir un point de repère visuel et vécu à ce secteur. Une fête foraine,  à titre d’exemple, n’altèrerait pas la visibilité du centre commercial, mais au contraire, augmenterait son attractivité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Limite Résidentiel - Commercial

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

On observe ici une zone non définie entre le débarcadère des commerces de la route du Président-Kennedy et les cours arrières clôturées des résidences.

 

Par une fusion résidentiel-commercial, par exemple des maisons de villes se greffant à une nouvelle forme de commerces toujours orientés vers Kennedy, on pourrait offrir une meilleure transition entre les deux unités paysagères. La friche devient alors un espace appropriable, où la pratique de l’agriculture urbaine permettrait de rapprocher la nature du Lévisien.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Paysage d’interface ; vers un paysage plus humain

 

Serait-il possible d’intégrer une nouvelle unité paysagère qui agirait à la fois sur les limites et ce, à l’intérieur même des unités existantes? Un paysage d’interface serait l’occasion d’intégrer des espaces intermédiaires et transitionnels, de mettre en rapport l’homme et l’espace. Au travers d’une nouvelle action paysagère, les limites, failles entre les unités paysagères existantes deviendraient un espace de connexion.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« The « spaces between » have the power to become symbol of exchanges and encounters. As such, they offer the ability to gather events that occur « there ». » (Teyssot, 2005 : 107)

 

« Aux points de repère reconnus par l’ensemble de la population urbaine se rajoutent d’autres points singuliers relevés par chaque individu. » (Lynch, 1960). Ces microrepères individuels permettent une « sécurité émotionnelle » et confèrent une certaine familiarité aux déplacements quotidiens. Ils sont moins visuels ou fréquentés, mais restent symboliques pour les individus.

 

En bref, il s’agit de reconnecter, recoudre les paysages et d’insérer des points d’opportunités, de flexibilité pour que les usages et les paysages se mélangent. L’idée est d’offrir une variété et d’améliorer la lisibilité des lieux dans le but de ramener l’homme au cœur du paysage.

 

 

 

bottom of page